Pour la FNA, l’État s’improvise conseiller phytos
Le 27 septembre, la Fédération du négoce agricole s’est insurgée de la mise en ligne de la start-up d’État Peps, accusant l’État de s’improviser conseiller phytos. Explications, et réponses de la start-up.
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Pour Antoine Pissier, président de la FNA, « c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». La mise en ligne de la start-up d’État ne passe pas auprès des négociants, qui l’accusent de conseil phytos « sans même aller sur le terrain », sans numéro d’agrément, et en véhiculant des messages qui viennent « attiser un peu plus la défiance envers la distribution et le monde agricole ».
Peps, plateforme en ligne, vise à « accompagner les agriculteurs vers des pratiques économes en produits phytosanitaires ». C’est le résultat de « start-up glyphosate », voulue par Emmanuel Macron. C’est une start-up d’État : elle fonctionne comme une start-up (petite équipe autonome), et elle est portée et financée par l’administration. Soit pour Peps, par les ministères de l’Agriculture et de l’Écologie. Peps explique qu’elle « n’a donc pas pour objectif de faire du profit ». « L’idée, c’est de monter un service numérique pour répondre à une problématique », explique Maud Blanck, chargée de mission à l’Inra, qui participe à la start-up en tant qu’experte métier.
Un algorithme pour proposer des solutions
En pratique, Peps veut proposer des solutions aux problématiques des agriculteurs, en créant un algorithme qui va leur proposer des pratiques hiérarchisées à partir d’un questionnaire. En résumé, l’agriculteur soumet une problématique, et répond à un questionnaire sur ses pratiques, le contexte de l’exploitation, etc., et l’application lui propose des solutions. Par exemple, sur un problème de maladies, Peps peut être amené à lui proposer des OAD, un allongement de la rotation, des mélanges variétaux…
Peps se base sur des ressources existantes, comme le Centre de ressources glyphosate, EcophytoPic, ou encore les fiches actions CEPP. Le concept est en prélancement jusqu’à la mi-novembre. « On regarde si l’idée fonctionne, explique Maud Blanck, en invitant des agriculteurs à soumettre leurs problématiques, et en échangeant avec eux par la suite. » Peps collabore avec des coopératives, comme Océalia et Dijon céréales.
Peps « ne revendique pas de conseil »
La start-up devrait-elle avoir un agrément ? « Nous proposons une sélection de pratiques hiérarchisées, nous ne revendiquons pas de faire du conseil », répond Maud Blanck, évoquant des réponses « macro » aux problématiques.
Antoine Pissier explique : « Le site indique qu’il est demandé à l’agriculteur d’exposer sa problématique, et qu’à partir d’une caractérisation rapide, des solutions plus ou moins complexes vont être apportées, ce qui déjà pour moi va difficilement de pair. Ensuite, parmi les sources d’information, il y a les fiches CEPP, or certaines concernent des produits phytosanitaires. Et qui dit préconisation produit, dit agrément. »
De l’agribashing pour la FNA
L’autre point qui coince pour la FNA, c’est le discours. « Outre le fait qu’on résume le conseil, sans observation terrain, à pas grand-chose, le message véhiculé est problématique, développe Antoine Pissier. C’est une mission de service publique, et on retrouve de l’agribashing au niveau distribution, et aussi un peu au niveau des agriculteurs, qu’on infantilise. »
Le site de Peps indique notamment : « Actuellement, la grande majorité des exploitants sollicitent presque uniquement l’expertise de leur conseiller technique de coopérative ou de négoce dans la gestion des maladies et ravageurs au cours de la saison. L’interaction possible au moment de l’achat des produits ne permet pas toujours de prendre du recul sur son système de production et de faire en sorte d’agir plus tôt pour prévenir les effets des ravageurs et maladies. »
« Suspension immédiate » du site pour la FNA
Pour Maud Blanck, « nous prenons note des remarques que l’on nous fait. Nous sommes une jeune structure, dans une démarche d’amélioration continue ». Quant à la FNA, elle demande « la suspension immédiate de ce site exerçant du conseil aux agriculteurs sans agrément », et « l’arrêt des attaques vis-à-vis du monde agricole, dont les distributeurs, dans un contexte de ras-le-bol généralisé ! »
Marion CoisnePour accéder à l'ensembles nos offres :